Joseph Porphyre PINCHON (1871-1953) – biographie succincte
Émile Joseph Porphyre Pinchon est né à Amiens le 17 avril 1871. C’est le deuxième des huit enfants de Victor Émile Pinchon, avoué à la cour d’appel d’Amiens, et de son épouse Sophie Thérèse Amélie Clémence Lefèvre, fille d’un tanneur de Noyon, dans l’Oise.
Son premier prénom de l’état civil est certes Émile, mais on l’appelait Joseph (il signe ses lettres et ses dessins des initiales J.P.) ; en outre un de ses frères, sculpteur, se prénomme Émile.
Après des études à Amiens puis à Paris (où il devient bachelier ès lettres), Joseph s’inscrit aux Beaux-Arts, où il fréquente notamment Fernand Cormon et Albert Besnard. Il effectue son service militaire de 1892 à 1895 (on l’emploie, entre autres, à décorer des casernements…), et dès 1897, il expose ses toiles aux Salons parisiens. Il restera longtemps actif au sein de la Société Nationale des Beaux-Arts, dont il sera même vice-président en 1946.
Dès 1903, il illustre divers journaux pour enfants (“Saint-Nicolas”, “L’Écolier illustré”, “le Petit Journal illustré de la Jeunesse”…). En 1905, paraît le premier numéro de l’hebdomadaire “La Semaine de Suzette”, où, au pied levé, J.P.Pinchon crée le personnage de Bécassine. C’est le début d’une longue série d’environ 1500 planches consacrées à cette héroïne, publiées dans “La Semaine de Suzette”, et pour la plupart éditées en albums (25, de 1913 à 1939, dont les textes sont de Caumery, pseudonyme de Maurice Languereau, et 2 albums parus en 1992 et 2005). « Les dessins de Pinchon ont la grâce et l’habileté des croquis de peintre, ils saisissent une attitude, non un mouvement [ … ]. Si un demi-siècle plus tard, ses vues de plages à la mode, ses aperçus des Tuileries, ses cartes postales de Bretagne, de Normandie ou du pays Basque recèlent autant de charme, c’est qu’elles reconstituent l’ambiance d’une époque, saisie par le peintre dans toute sa sincérité. Chez Pinchon, la description réaliste n’exclut jamais l’émotion personnelle » (Francis Lacassin, dans “Pour un neuvième art, la bande dessinée” ; Paris, U.G.E., collection 10/18, 1971).
De 1908 à 1914, Joseph est dessinateur de costumes à l’Opéra de Paris, dont il devient le directeur des services artistiques en 1910. Une trentaine d’opéras bénéficient ainsi de son talent.
Lors des grandes fêtes de Jeanne d’Arc à Compiègne, en 1909, 1911, 1913, puis en 1930 et 1935, Joseph Porphyre assure la direction artistique des cortèges et tournois, dessine costumes et bannières, illustre des cartes postales et divers documents, et participe parfois aux défilés.
Il passe la plus grande partie de la guerre de 1914-1918 dans des services de camouflage (où ses talents de dessinateur sont mis à profit !), en Belgique puis, de 1916 à 1918, en Macédoine (armée d’Orient). Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1921 (il sera promu officier en 1950).
Le 9 mars 1920, il épouse Suzanne Armande Würtz, originaire de Margny-lès-Compiègne, et promise à son frère Jean, mort au combat en 1916 ; ils n’auront pas d’enfant.
Joseph est membre d’un équipage de chasse à courre ; il soutient la création, en 1935, du musée de la vénerie, à Senlis, auquel il fera don de quelques œuvres, notamment un projet de tapisserie (intitulé “La chasse”). En 1929, il avait présenté un autre projet de tapisserie (“L’Amérique du Sud”), adopté par la manufacture des Gobelins.
De 1929 à 1939, il est directeur artistique de Benjamin, hebdomadaire pour la jeunesse fondé par Jaboune (alias Jean Nohain), et fournit de très nombreux dessins. Il illustre aussi “L’Écho de Paris” (dès 1920 ; certains de ses dessins sont signés “Jospin”…), puis, dans les années 1940, pour “Fanfan la Tulipe”, “Fillette”, “Wrill”, “Cap’taine Sabord”, “Le Petit Canard”, “Lisette”, “France Soir Jeudi”… Illustrateur talentueux et prolifique, il produit des centaines de dessins pour ces journaux, et crée de nombreux personnages : Frimousset (et son chat qui parle, dénommé Houpalariquette), Frullino (en Italie), Grassouillet, la famille Amulette, Suzel la petite Alsacienne, Gringalou, Olive et Bengali, Patounet, Giboulard et Cie… Plus de trente albums sont édités !
Voici ce que dit Jean Nohain, qui se considère comme un ami intime de Joseph Pinchon, à la revue Haga, en 1977 : « c’était un homme massif, un Monsieur très élégant, de la classe. Son rêve était la chasse à courre, d’ailleurs il dessinait souvent des chevaux et faisait partie d’un club hippique. Il habitait un très bel atelier, il aimait bien faire la cuisine. Pinchon n’aimait pas du tout écrire des scénarios… ».
J.P.Pinchon illustre également plus d’une trentaine de livres : citons par exemple “L’arbre” (1899 ; texte de Georges Rodenbach), “Les aventures de Maître Renard” (1911 ; texte de Georges Le Cordier), “Histoire sainte illustrée” (1934 ; texte de l’abbé Jules Hénocque), “Robert-Houdin” (1939 ; texte d’Adhémar de Montgon), ou “La Grande meute” (1947 ; texte de Paul Vialar)…
Joseph Porphyre Pinchon s’éteint à Paris le 20 juin 1953, et repose à Amiens, au cimetière de Saint-Acheul.
Les résidences de J.P.Pinchon
Après une enfance passée à Amiens, J.P.Pinchon a, jusqu’à sa mort, essentiellement vécu à Paris ; il avait un atelier rue Aumont-Thiéville (17ème arrondissement). Mais il a séjourné, plus ou moins ponctuellement, à divers autres endroits :
– Noyon (où son père, en 1887, avait repris la direction de la tannerie de son beau-père) ;
– Clairoix (au Clos de l’Aronde, l’actuelle mairie, propriété acquise par sa famille en 1876, et revendue en 1920) ;
– Les Ageux (petite commune de l’Oise ; au cours des années 1940, peut-être avant) ;
– en Bretagne, à l’Aber Wrac’h (commune de Landéda ; à l’ancienne abbaye des Anges ; depuis les années 1930 ; pour plus de précisions, on peut cliquer ici).